Publié le 27 février 2024 Temps de lecture : 5 min
Dans les régions montagneuses, où la majesté des sommets rencontre parfois le danger redoutable des avalanches, une force de sauvetage extraordinaire se profile : les chiens d’avalanches. Ces compagnons à quatre pattes, au flair infaillible et à la détermination sans faille, se dressent en première ligne lors des situations les plus critiques. Leur présence n’est pas seulement symbolique ; elle est vitale.
Les chiens d’avalanche en France
Le début dans les années 1960
L’histoire des chiens d’avalanches en France est marquée par une évolution progressive qui a suivi les besoins croissants des secours en montagne et les progrès dans les techniques de sauvetage. Dans les années 1960, les Alpes françaises étaient déjà un lieu de villégiature prisé, mais les dangers des avalanches étaient malheureusement trop souvent mis en lumière par des accidents tragiques. C’est dans ce contexte que les premiers efforts pour former des chiens de recherche et de sauvetage ont commencé à émerger.
Aujourd’hui, il existe 160 maîtres chiens en France, 25 proviennent du PGHM, 23 sont des CRS, entre 100 et 110 sont des pompiers ou civils. Parmi les civils, 95% proviennent des domaines skiables. Chaque année, une vingtaine de personnes sont formées.Le premier diplôme officiel date de 1977.
Les différentes races de chiens d’avalanche
Diverses races sont fréquemment sélectionnées pour jouer le rôle de chiens d’avalanches, chacune offrant ses propres traits distinctifs et compétences spécifiques. Parmi les races populaires figurent le Berger Allemand et le Berger Belge, notamment le Malinois, qui sont souvent utilisés dans d’autres disciplines telles que le mordant, la défense et la recherche en raison de leurs aptitudes exceptionnelles. Toutefois, un chien d’avalanche peut également être un Border Collie, un Labrador, un Berger Blanc Suisse, un Beauceron, et bien d’autres. Contrairement aux perceptions courantes, le Saint-Bernard n’est plus préféré pour ce type de mission en raison de sa taille trop imposante pour les opérations de secours hélitreuillées.
Le caractère des chiens d’avalanche
Le chien d’avalanche doit posséder un tempérament joueur, car l’apprentissage repose sur cette caractéristique essentielle. Cependant, ce n’est pas suffisant ! Des aptitudes physiques solides sont également indispensables, notamment en ce qui concerne l’endurance, qui revêt une importance capitale lors des opérations de secours. De plus, il est impératif que le chien soit sociable et fasse preuve d’une concentration sans faille, car il sera amené à interagir avec le public et d’autres intervenants lors des missions de sauvetage.
La formation
Qui est en charge des secours ?
L’utilisation des chiens d’avalanche et de leurs guides est réglementée par le plan départemental du secours en montagne, impliquant généralement la gendarmerie (PGM/PGHM : peloton de gendarmerie de montagne/de haute montagne), la police (CRS montagne), et/ou les sapeurs-pompiers (groupe montagne sapeurs-pompiers, parfois groupe d’intervention en milieux périlleux), selon le lieu d’intervention.
En ce qui concerne les secours lors d’une avalanche, les responsabilités varient en fonction des zones géographiques. Les domaines skiables sont soumis à un plan communal d’organisation des secours, placé sous la juridiction du maire, qui délègue cette responsabilité au directeur du service des pistes par arrêté municipal.
Ainsi, les stations de ski sont tenues d’employer des maîtres-chiens d’avalanche, souvent des civils possédant leur propre chien et relevant du département. Ils opèrent principalement sur le domaine skiable, bien que les services de l’État puissent être sollicités en renfort uniquement en cas d’alerte grave ou d’événement majeur.
La formation des gendarmes
Pour devenir maître-chien d’avalanche, un candidat doit suivre un an d’école de sous-officiers de gendarmerie et choisir son affectation après deux ans de service. Les conditions d’âge, de santé et de certifications techniques doivent être remplies. Les tests de sélection comprennent des épreuves physiques au Centre national d’instruction cynophile de la Gendarmerie (CNICG) à Gramat. Une formation initiale de 14 semaines est ensuite dispensée, suivie d’un stage de trois semaines à Chamonix. Une fois opérationnel, le binôme doit passer un recyclage annuel pour maintenir ses compétences.
La formation des maîtres chiens d’avalanche pompiers ou civils
La formation des maîtres-chiens d’avalanche, qu’ils soient pompiers ou civils, exige l’obtention du brevet national délivré par l’ANENA, seul organisme agréé par la Direction de la Défense et de la Sécurité Civile. Ce brevet est ouvert aux professionnels de la montagne et aux sapeurs-pompiers. Les candidats doivent passer par une pré-formation et être titulaires du PSE1 et PSE2, posséder un chien mâle âgé de 1 à 4 ans à jour de ses vaccins, et fournir un certificat médical d’aptitude au secours en montagne.
L’admission au stage se fait sur dossier avec quatre avis favorables. La pré-formation dure 40 heures, suivie d’une formation de 88 heures réparties sur onze jours, comprenant à la fois de la théorie et de la pratique. Une fois breveté, le maître-chien doit passer cinq exercices de recyclage annuels pour maintenir ses compétences.
Formation du chien
La formation des chiens d’avalanche commence dès l’âge de trois mois, avec des exercices pour développer leur répertoire olfactif et les habituer à divers environnements. L’obéissance est primordiale, car ces chiens évoluent souvent sans laisse et doivent suivre les instructions de leur maître. La formation du chien est centrée sur le jeu, avec pour objectif de retrouver un jouet tenu par une personne simulant une victime. Au début, le jouet est visible, puis l’exercice devient progressivement plus complexe. Après leur entraînement, les chiens sont capables de détecter les odeurs humaines enfouies jusqu’à quatre mètres sous la neige et d’ignorer les odeurs parasites.
Nicolas Pinto : maître-chien sur Arêches-Beaufort
Nicolas P. travaille pour la station d’Arêches-Beaufort ; avec son fidèle compagnon, Usco, Golden retriever de 8 mois, il s’entraîne dans l’objectif de se faire diplômer en décembre prochain. Nicolas a rejoint une équipe de civils avec qui il va s’entraîner toute une journée sur le plateau du Cuvy ce 21 février 2024.
Maître-chien d’avalanche, une connexion particulière
Cette relation va bien au-delà de la simple collaboration, en situation d’urgence, la confiance réciproque entre le maître et son chien est essentielle, car elle renforce l’efficacité de leur travail d’équipe. Lorsque le maître et son chien partagent un lien profond, basé sur la compréhension mutuelle et le respect, leur coordination lors des missions de secours est renforcée. La communication non verbale entre eux devient un langage à part entière, permettant une meilleure anticipation et réaction aux situations dangereuses.
De plus, l’amour inconditionnel que le chien prodigue à son maître crée un lien indéfectible qui les motive à se surpasser pour l’autre. Cette relation enrichissante va bien au-delà du professionnalisme, car elle nourrit l’âme et donne un sens profond à leur partenariat. En fin de compte, c’est cette complicité et cet amour qui font la différence dans les moments les plus critiques, et qui transcendent les simples notions de devoir pour devenir une véritable source d’inspiration et de force.