Publié le 14 juillet 2022 Temps de lecture : 5 min
A l’occasion du centenaire, les alpinistes des deux côtés de la vallée se sont donnés rendez-vous le samedi 9 juillet 2022, pour célébrer cette première ascension et grimper ce sommet mythique.
Une légende raconte….
La présence insolite de la Pierra Menta étonne le regard et lui donne chez nous un air de légende. L’origine en reviendrait au géant Gargantua. En route vers l’Italie, arrivant au sommet des Aravis, il rencontra un gigantesque monolithe lui barrant la route. Il prit son élan et envoya un énorme coup de pied qui fit valser la pyramide dans les airs… jusqu’à venir se figer à 8 lieues de là, dans les alpages du Beaufortain !
L’abbé Joseph Amédée Plassiard a transcrit la légende à sa manière « Un géant, parait-il, fuyait les réprimandes, de sa femme en courroux quand il rentrait trop tard. Il allait, grommelant des jurons méprisants, abattant les maisons à travers la campagne. Et d’un grand coup de pied creusa dans la montagne ce trou qu’on nomme encore Brèche de Parozan. Le morceau détaché vint donc se planter là. Il reste le témoin des scènes de ménage qui troublèrent la terre au plus lointain des âges en laissant jusqu’à nous ce formidable éclat, la Pierra Menta. »
« Pierra Menta, pic planté entre le Beaufortain et la Tarentaise, montagne mythique et mystique ! »
La première ascension
Le 5 juillet 1922, trois jeunes alpinistes grenoblois scrutent attentivement les faces de la Pierra Menta pour trouver une ligne de faiblesse. Préparés pour une véritable expédition, ils sont prêts à passer à l’assaut. Ils jettent leur dévolu sur la face ouest. Le 6 juillet, Jean-Paul Loustalot, surnommé le chemineau de la montagne, et Léon Zwingelstein se dressent victorieusement au sommet de la Pierra Menta.
Jean-Paul Loustalot raconte : « Nous arrivons sur l’arête Sud, à 4 ou 5 mètres du sommet ; là nulle trace de passage humain, seule la foudre a laissé sa marque, noircissant et délitant le rocher. Notre escalade a durée une heure exactement. Nous avons été très exposés, durant une trentaine de mètres surtout. La Pierra Menta représente une belle escalade, courte mais vertigineuse ; le rocher de poudingues à grain fins, est bon mais un peu découpé. »
L’année suivante, J. Payot et F. Petelongo remontèrent la face Est et redescendirent par l’arête Nord. En 1939, Couttet et Mermillod montent par cette même arête qui s’imposera alors comme l’itinéraire le plus fréquenté. Dans les années 50, Bérard et Rigotti propose une voie dans la face Est. L’abbé Bérard entreprit d’y planter une croix au sommet… celle-ci finira par basculer dans cette même face à cause de la foudre en 1967 ! Plus récemment, des nombreuses voies d’escalade ont été équipées. On en compte plus d’une vingtaine.
100 ans plus tard, la cordée de James Mérel, Eric Charamel et Aandré Pélissierde, guides de la Compagnie des Guides de la Vanoise, ont répété l’itinéraire et placé une plaque pour célébrer cette ascension. Habillement fixée au niveau de l’étroite vire, elle indique la fameuse traversée décrite par Loustalot : « une marche de flanc très délicate sur une corniche à peine marquée ». Une cordée de deux guides du Beaufortain, Jacques Maurin et Xavier Cailhol, a quant à elle, répétée un autre itinéraire historique sur le pilier S.O. ouvert par Deschamps et Roux en 1961.
Le centenaire
A l’occasion des célébrations du centenaire initiées par Jean-Louis Silvestre, Maire délégué La Côte d’Aime, et Christian Vibert, élu à La Plagne Tarentaise, une centaine de passionnés de montagne des deux côtés de la vallée se sont donnée rendez-vous pour célébrer cette première ascension.
Partenaire du centenaire, le CAF d’Albertville a proposé une course d’orientation rassemblant plus de quarante participants qui se sont joints au pot organisé par le refuge du Presset.
Le PGHM, également présent à cette occasion, avait ouvert deux voies sur la Pierra Menta. La plus parcourue, Dao Domi, chemine astucieusement sur de belles parois et offre un itinéraire royal et accessible pour monter au sommet. Baptisée ainsi, elle rend parfaitement hommage à Dominique Chassagne et Jacky Daolio décédés tous les deux en 1989. Selon Jean-Pierre Mirabail, ancien commandant du PGHM qui a participé à son ouverture, « elle est probablement la voie la plus parcourue de la Pierra-Menta grâce au choix de l’itinéraire mais surtout, de part la volonté des ouvreurs de placer un équipement en adéquation pour qu’un grimpeur, juste débrouillé, puisse faire ses premières armes sur une voie de plusieurs longueurs en passant en-tête. La fréquentation me fait dire qu’à l’époque, nous avions fait le bon choix. «
Ce 9 juillet 2022, une vingtaine de cordées se sont hissées au sommet de la Pierra Menta. Par son rocher poudingue caractéristique, pour la beauté du paysage et la variété des itinéraires, la Pierra Menta se doit d’être gravie au moins une fois dans sa vie !
Au sommet Dao Domi Le Poudingue
La Maison des Guides du Beaufortain associée à l’événement propose également des sorties accompagnées tout l’été pour gravir en toute sécurité la Pierra Menta par l’un de ces nombreux itinéraires. Un sommet vraiment mythique par sa légende et sa renommée, que tout grimpeur se doit de gravir au moins une fois dans sa vie !
les anciens du PGHM au refuge presset
L’exposition
Durant tout l’été, vous pouvez également profiter de l’exposition proposée par la commune de Beaufort dans le cadre du centenaire de la première ascension. Située au niveau du col du Méraillet, sur la route du Cormet de Roselend, elle retrace à la fois l’histoire et la légende autour de la Pierra Menta avec des clichés anciens et récents. Vous pouvez également la retrouver côté Tarentaise, au refuge de la Balme.